L’étude des connectivités écologiques au service de l’aménagement
L'érosion de la biodiversité, notamment en milieu urbain, invite à profiter de chaque projet d'aménagement du territoire pour redonner de la place au vivant. Dans ce cadre, l’étude des connectivités écologiques est un des leviers mobilisables, particulièrement efficace. En partenariat avec l’Ecole Centrale de Lyon, Etamine a pu initier une démarche ambitieuse et innovante en ce sens, participant à la recréation de corridors écologiques.
Les connectivités écologiques – qu’est ce que c’est ?
Françoise Burel et Jacques Baudry, pionniers de l'écologie du paysage en France, définissent la connectivité écologique comme étant « la connexion fonctionnelle et effective nécessaire au fonctionnement, à la stabilité et à la résilience des écosystèmes sur le long terme ». Autrement dit, il s’agit des connexions paysagères entre plusieurs habitats
écologiques permettant le déplacement des espèces entre ces habitats. L’étude des connectivités écologiques, consiste donc à étudier la capacité de déplacement d’espèces animales ou végétales entre deux réservoirs de biodiversité, (habitats favorables à l’espèce) via des structures appelées corridors écologiques (corridors naturels).
Aujourd’hui, l’aménagement d’un territoire est souvent associé à une perte de biodiversité, par destruction directe ou bien par des phénomènes de détérioration des habitats (artificialisation, imperméabilisation), ou encore de fragmentation du paysage.
L’étude des connectivités écologiques, dans les premières phases de conception est un moyen efficace pour réduire ces phénomènes. Pour cette étude, une connaissance fine des espèces et des habitats présents est nécessaire, ainsi qu’un traitement cartographique de ces données.
A partir des données cartographiques, il est possible de réaliser un nombre conséquent de calculs et d’analyse du paysage afin d’orienter la conception dans un objectif de bonne conservation, et de favorisation de la biodiversité. Par exemple, il est possible d’étudier le potentiel de déplacement d’individus d’une population entre différentes taches d’habitats favorables (voir illustration page suivante), ou encore de hiérarchiser l’importance de certains corridors dans le maillage écologique local.
Modélisation des réseaux écologiques : intérêts et outils
Etamine utilise l’outil Graphab pour effectuer ces modélisations et simulations. Ce logiciel a été développé par le laboratoire ThéMA de l’Université de Bourgogne-Franche-Comté, et permet notamment la modélisation des réseaux écologiques.
Cette démarche peut être menée à des échelles très diversifiées, à l’échelle d’une ville comme à celle d’un quartier. Dans le cas d’une création de nouvelles routes, l’étude des connectivités écologiques se révèle également intéressante. Il est également possible de mobiliser ces compétences pour la renaturation d’espaces, l’aménagement paysager d’espaces privés ou publics.
Etude des réseaux écologiques de l’Ecole Centrale de Lyon
En 2021, Etamine a mené l’étude des réseaux écologiques du campus de l’Ecole Centrale de Lyon en partenariat avec cette dernière. Le campus s’étalant sur plus de 16 ha à Ecully, présente de forts enjeux écologiques, ainsi qu’un réel potentiel dans un contexte urbain dense.
Ces travaux ont été menés dans une optique de recréation de corridors écologiques. En effet, les différentes interventions réalisées au préalable par les écologues et paysagistes d’Etamine avaient mis en évidence un faible développement de la strate arbustive.
La strate arbustive, comme les autres strates, est essentielle pour le
déplacement et le maintien de certaines espèces et populations animales. Ainsi, les études de connectivités ont été orientées pour développer ces structures paysagères à l’échelle du campus.
Fort de ce constat, l’un des objectifs de ces études consistait à mettre en évidence des emplacements prioritaires pour la plantation de haies afin d’optimiser les déplacements des espèces dépendantes de ces structures sur le campus.
L’étude s’est déroulée en plusieurs temps, en commençant par une phase de diagnostic.
- 1ère étape : En 1er lieu, le mode d’occupation du sol (MOS) a été défini dans un rayon de 20 km autour du campus (voir illustration ci-contre). Le MOS correspond à la définition des typologies et des caractéristiques des habitats présents dans le périmètre d’étude.
- 2ème étape : Trois espèces cibles ont ensuite été identifiées, puis utilisées comme modèle pour les simulations : un mammifère terrestre - le Hérisson d’Europe, un oiseau - l’Orite à longue queue et une chauve-souris - la Sérotine commune. Elles ont été sélectionnées car elles sont présentes sur le campus et à proximité, mais aussi parce qu’elles mobilisent les haies comme habitat ou comme support de déplacement.
- 3ème étape : Par la suite, la capacité de déplacement (voir illustration ci-contre) de ces espèces dans les différentes typologies définies dans le MOS a été analysée. Cette capacité de déplacement se présente sous la forme d’un graphe paysager, dont les nœuds représentent des tâches d’habitat, et les liens, le trajet des individus de manière simplifiée.
Etude des réseaux écologiques de l’Ecole Centrale de Lyon
Etude des réseaux écologiques de l’Ecole Centrale de Lyon
Enfin, plusieurs métriques ont été calculées en s’appuyant sur graph paysager précédent (voir illustration ci-contre). Ces métriques permettent de hiérarchiser l’intérêt fonctionnel des différents espaces de l’étude. Autrement dit, ils permettent de qualifier la qualité écologique des nœuds et des liens du graph paysager, pour les espèces étudiées.
En définitive, et sur la base des métriques citées précédemment, ces simulations ont ensuite permis d’identifier les zones prioritaires pour la plantation de nouvelles haies champêtres sur le campus (voir illustration ci-dessous).
Les travaux de plantation démarreront sur le campus à l’automne 2022 avec la recréation de nombreux linéaires de haies champêtres. Des suivis naturalistes sont planifiés pour les prochaines années afin d’estimer l’efficacité de ces mesures.
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